Enfin nous y sommes. Barack Obama et John McCain ont été « adoubés » tour à tour lors de la convention organisée par leur parti respectif. Chaque convention a été un moment important pour chaque candidat dans la conquête de l’électorat américain.
McCain drague sa droite
John McCain s’était positionné tout au long de sa campagne dans le rôle d’un franc-tireur centriste. Durant la convention du Parti républicain, il a opéré un léger virage en donnant des gages à la droite républicaine via le choix de sa colistière Sarah Palin (gouverneur de l’État de l’Asaska). Il était frappant de voir que cette dernière n’avait pas besoin durant la convention républicaine de s’étendre sur ses convictions. Son CV relayé par les médias parlait pour elle : pour la poursuite de la réduction des impôts (qui a surtout profité aux plus riches sous l’ère Bush), hostile à l’avortement, pour l’enseignement du créationnisme à l’école. A priori, Mc Cain veut jouer sur les deux tableaux : clairement à droite en ne concédant rien sur la thématique des « valeurs » qui avait tellement bien réussi à Bush en 2004, et ostensiblement au centre en jouant le rôle de rassembleur, dépassant les dogmes partisans sur certains sujets de société. Cela malgré quelques opinions tranchées qu’il affiche, telle celle en matière d’immigration (John McCain est opposé à toute régularisation massive).
Obama, l’homme du New Deal ?
La convention du Parti démocrate était teintée d’émotions au travers du vibrant discours de Ted Kennedy. Elle était aussi l’occasion de faire la démonstration de l’unité du parti. Les époux Clinton n’ont fait montre d’aucune ambiguïté dans leur soutien à l’égard de Barack Obama. Le choix de Joe Biden à la vice-présidence est judicieux à plus d’un titre. Fort de son expérience à la présidence du Comité des affaires étrangères au Sénat, il tort le coup à tous ceux qui utilisaient l’argument d’inexpérience d’un éventuel leadership démocrate à la tête du pouvoir exécutif. Biden permet également à Obama de mieux capter les voix des cols bleus et des personnes âgées plus enclines à voter Clinton et qui suite à sa défaite étaient plus séduits par le discours de McCain.
Obama imprime le tempo dans cette campagne. Il se déclarait l’homme du changement, McCain l’a suivi dans cette rhétorique en se déclarant comme tel dernièrement. Contrairement à 2004, la thématique des valeurs ainsi que celle de la guerre en Irak prennent moins d’importance. Les aspects intérieurs, plus précisément ceux sociaux et économiques prévalent. Barack Obama se prononce pour une relance de l’économie par des investissements publics dans les sources d’énergies renouvelables et par la réduction des impôts pour 95% des membres des foyers exerçant un emploi. Il propose également d’augmenter les impôts de ceux qui gagnent plus de 250.000 $ annuellement. D’un point de vue social, il se prononce pour un meilleur système de santé, qui serait meilleur marché et accessible à tous, tendant ainsi vers un système de couverture maladie universelle. De facto, Barack Obama prône la vision d’une Amérique capable de surmonter la crise économique, prompte à réduire les inégalités. Autrement dit, sans qu’il l’ait dénommé ainsi, le candidat démocrate pourrait instaurer une sorte de « New Deal » du 21ème siècle. C’est pour tous cela que je pense qu’Obama dispose d’un léger avantage sur son adversaire et que malgré toutes les variations de sondages que l’on connaîtra d’ici au 4 novembre, il l’emportera sur McCain.
Léger avantage pour Obama dans les sonsages
Il reste à Barack Obama deux mois pour convaincre et tous les indicateurs semble tourner (pour l’instant) en sa faveur. Les derniers sondages donnent Obama légèrement en tête par rapport à McCain (47% contre 45% selon le dernier barômètre Gallup daté du 6 septembre). Il l’emporterait notamment chez les hispaniques et chez les femmes. Par contre, il est clairement devancé par McCain auprès des cols bleus et des hommes blancs. Pour ce qui est des personnes âgées, les deux candidats sont au coude à coude dans la dispute de cet électorat. Pour autant son avance reste faible, donc rien n’est acquis pour le candidat démocrate.