Archive for the ‘Ce qui fait débat’ Category

Congo (1ère partie)

décembre 4, 2008

C’est de cette région (voir carte) que tout est parti. Il m’est difficile de traiter du Congo et de la situation actuelle sans revenir quelques années en arrière. Un rappel historique s’imposant et manquant cruellement de temps pour l’écrire, je cède la place à Jean-Christophe Victor. Une 2ème partie (écrite cette fois) est attendue, au plus tard, pour la semaine prochaine.

PS, le mauvais scénario

novembre 22, 2008

C’est le scénario qu’on n’attendait pas. C’est celui que même le plus mauvais des scénaristes n’aurait jamais imaginé. Royal / Aubry, c’est fifty-fifty. Sur 67.413 voix, la première obtient 50,02 %, et la seconde en remporte 49,98 %. Plus parlant est le fait de dire que 42 voix font l’infime différence entre les deux candidates.

Le parti est coupé en deux.

Aubry réclame la victoire, Royal la conteste en envisageant d’user de tous les recours qui lui sont ouverts dans le parti. Il faut absolument trouver une solution de rassemblement et s’entendre sur le nom de quelqu’un qui puisse joindre les deux camps, car les socialistes ne peuvent pas se payer le luxe de déchirements internes pendant des jours, voire des semaines, ne fusse qu’au regard du contexte national et du de la situation international. Ma petite solution serait que les deux femmes se réunissent pour désigner « un troisième homme » faisaint la synthèse entre les deux motions, même s’il est marqué royaliste, un Vincent Peillon ferait l’affaire. On peut rêver. On peut aussi imaginer une Aubry secrétaire nationale flanquée de deux adjoints royalistes : Valls et Peillon.

Je limite mes hypothèses à ces deux-ci. Soit dit en passant, objectivement, c’est un demi échec pour Aubry qui n’a pas réussi à additionner tous les reports de voix des militants des motions d’Hamon et de Delanoë et de fait un demi gain pour Royal qui a bénéficié durant toute la campagne d’une dynamique relativement importante, sans que celle-ci soit décisive.

A suivre,…

Hillary Clinton en premier choix

novembre 19, 2008

Elle est le premier choix de Barack Obama. En effet, le vendredi 14 novembre à Chicago, on peut clairement avancer qu’Hillary Clinton se serait vu proposer le poste de secrétaire d’État. Depuis ce jour, les spéculations vont bon train. Il est évident que l’ancienne candidate à la Maison blanche donnerait son consentement à une telle nomination. L’accord aurait pu être vite réglé. Mais un problème de taille subsiste dans la nomination d’Hillary Clinton et il a pour seul prénom celui de son mari : Bill !

Conflit d’intérêts et transparence

Monsieur Clinton a créé une association : la William J. Clinton Foundation. Celle-ci est active dans différents domaines tels que : la lutte contre le sida, la lutte contre le changement climatique, le développement agricol dans certains états africains,… La William J Clinton Foundation reçoit des dons ayant pour source des personnes privées, des enteprises et des institutions publiques. Au moins ces deux dernières constituent l’obstacle. Selon le New York Times, l’année passée, cette fondation s’est vue octroyer des fonds provenant de la famille royale saoudienne, du roi du Maroc, d’une fondation liée aux Émirats Arabes Unis et des gouvernements du Koweït et du Qatar.

Le conflit d’intérêts est évident. Comment Madame Clinton pourrait exercer une mission diplomatique indépendante lorsque la fondation de son mari dépendrait de subsides de pays avec lesquels elle interagirait. De fait, la condition majeure pour que l’ancienne First Lady entre au gouvernement serait que les époux fassent montre de transparence financière et par extension que Bill Clinton dévoile l’identité de ses donateurs.

Sous la tutelle de Biden !?

Quel retournement de situation. Le poste le plus convoité des USA n’est pas loin d’être détenu par celle qu’on attendait le moins. Deux anciens ambassadeurs des État-Unis à l’ONU que sont Bill Richardson et Richard Holbrooke (un des principaux artisans des négociations de paix en Bosnie-Herzégovine) auraient largement mérité pareille promotion. Les noms de deux poids lourds du Parti démocrate étaient également avancés : John Kerry et Al Gore. Le premier cité est candidat, pour ce qui est du second cela me semble peu probable. Il est intéressant de constater que Barack Obama choisisse une personne qui s’est affichée plus pro-israélienne que lui. Obama ayant joué habilement sur les deux tableaux (à la fois pro-israélien et plus conciliant que d’autres à l’égard du monde arabe, pour plus de détails voir ici).

Cela étant, la ou le prochain secrétaire d’Etat devra composer avec Joe Biden, le nouveau Vice-Président (VP), « expert » en politique internationale et ancien président du Comité des affaires étrangères du Sénat. Il aura clairement (et plus que d’autres anciens VP) son mot à dire dans les orientations diplomatiques des État-Unis, ce en respectant la chaîne de commandement typiquement américaine : Président – VP – secrétaire d’État.

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(Photo : John Moore/Getty Images)

Parti Socialiste (1ère partie)

novembre 12, 2008

Ségolène Royal veut prendre la tête du parti

Mercredi, enfin Yves aborde le sujet délicat du congrès de Reims et plus globalement de l’avenir du PS français.

Hier ou avant-hier, je vous aurais annoncé que Vincent Peillon était bien parti pour être le premier secrétaire du parti. Aujourd’hui, la situation a changé. Ségolène Royal a réfléchi et elle va annoncer aujourd’hui ou demain son intention de briguer la direction du PS. Le choix des motions par les adhérents, c’était la partie idéologique, la partie certainement la plus intéressante. Le choix du premier secrétaire, c’est la partie tactique, plus centrée sur les personnes.

En optant pour sa propre candidature, Ségolène Royal enterre les ambitions des quadras, comme c’est de tradition dans un parti incapable de faire preuve d’audace en donnant les rênes à une nouvelle génération. Peillon, Montebourg, Valls, Caresche, Gorce (autrement dit les bébés Jospin) devront attendre d’être cinquantenaire pour passer au premier plan. Car prendre la tête du parti, c’est inévitablement prendre une option sur les élections présidentielles de 2012. L’une des explications de la victoire de Royal est justement celle d’avoir réussi à réunir cette « jeune » génération autour d’elle. Implicitement, le fait que sa motion soit passée en tête du vote des militants était une manière de lui dire : place aux « jeunes » ! Elle va à l’encontre de ce message et personnellement je trouve cela dommage.

Royal prend la décision la plus tactique de sa carrière : devenir première secrétaire pour maîtriser le parti et plus que jamais consolider son statut de candidate potentielle pour 2012. Elle va également à l’encontre de Gérard Collomb et Jean Noël Guerrini, ses principaux soutiens à la signature de sa motion E. Ces deux derniers sont les présidents des deux plus puissantes fédérations régionales du PS. Il y avait un deal entre eux qu’on peut exposer comme suit : tu cèdes le secrétariat national à autrui et on te soutient corps, âmes et fédérations pour 2012. La donne aurait changé.

Passera-t-elle ? Probablement. Sauf si tous ses adversaires se décidaient à se liguer contre elle durant le congrès. Bref, les négociations vont bon train. Comme vous avez pu le constater en titre, vous aurez droit très prochainement à d’autres épisodes concernant le PS, notamment un traitant des aspects idéologiques.

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(Photo : Getty Images)

BARACK OBAMA, Mr PRESIDENT !

novembre 5, 2008

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HISTORIQUE, MAGNIFIQUE, RÉVOLUTIONNAIRE ! Est ce que tous les superlatifs en français et en anglais réunis suffiront pour qualifier la victoire de Barack Obama ? J’en étais certain à la veille du scrutin et ils ont pu le faire. Ils l’ont élu. C’est une victoire large et rare dans l’histoire des élections présidentielles. Obama a transcendé son camp. Il a réussi à réunir une Amérique souvent bipartisane. D’un point de vue personnel, Barack Obama a remporté un plébiscite impressionnant auprès des grands électeurs et de facto auprès des électeurs. L’onde de choc est plus importante que la prévision des sondages. Pour le Parti démocrate, le succès est total à la Chambre et au Sénat. En bref, la victoire est absolue pour Obama. La page du bushisme est définitivement tournée. Je ne boude pas mon plaisir par rapport à ce résultat.

Cela étant, restons lucide. Obama est dans une situation peu aisée au regard du triple contexte national, économique et international.

National car ses promesses sont lourdes de sens (je le dis positivement). S’il s’en tient à ses propositions, il va devoir notamment apporter des réformes sociales, favorisant la création d’un système de santé plus juste, tendant vers l’universalité; baisser les impôts des ménages modestes ou encore augmenter le salaire minimum.

Economique car il va devoir résoudre les effets de la crise au niveau national et au niveau international en participant à la réforme du système capitaliste.

International car certes il sera multilatéraliste, plus à l’écoute des autres pays du monde, sans pour autant ne s’occuper que de cela, vue la tâche immense qui l’incombe dans son pays et il n’oubliera pas de faire passer les intérêts de son pays avant ceux des autres, comme cela a souvent été le cas dans l’histoire des présidences américaines. Ce bémol n’enlève rien au fait qu’il sera plus conciliant. Il sera intéressant de voir sa tentative de dialogue avec l’Iran. Mais si les iraniens étaient amener à le « snober », je doute fort que le multilatéralisme fasse long feu. Il sera aussi intéressant de voir son action par rapport à l’Afghanistan, une de ses priorités en matière de politique étrangère, qu’il considère comme le creuset du terrorisme. Par ailleurs, il fermera le camp de la honte : Guantanamo. Ecologiquement, il a prôné une lutte sans précédent contre le réchauffement climatique, je suis curieux de voir l’application de ses solutions.

Obama n’est pas le Messie, il aura beaucoup de travail, mais quel plaisir d’être le témoin d’une double rupture aux États-Unis d’Amérique : la rupture par rapport conservatisme et plus important encore la rupture par rapport aux vieux démons de l’Amérique, ceux du racisme, qui ont traversé son histoire de sa période la plus sombre de l’esclavagisme au jour d’aujourd’hui. Le symbole est doublement fort. On se sent tous un peu américain aujourd’hui.

Thank you for hope, Mister President, and please don’t deceive your country and the world.

Obama sera président

novembre 4, 2008

Ça y est, nous y sommes. Plus que quelques heures et nous saurons qui de Barack Obama ou de John McCain sera le nouveau président des États-Unis. Comme on a pu le constater ces derniers jours, sur le plan du suffrage universel, Obama est loin devant. Les projections sur l’obtention des voix des grands électeurs lui semblent aussi favorable. Enfin, il semblerait l’emporter dans les 3 États pivots (swing States) que constituent la Floride, l’Ohio et la Pennsylvanie.

Mister President

C’est rare, mais pour une fois je ne prendrais pas les précautions d’usage et j’assume la prise de risque. Je ne tournerais pas autour du pot plus longtemps. Obama sera le vainqueur de ces élections. il me semble difficilement pensable, malgré le facteur raciste, que Barack Obama passe à côté de la présidence.

Il semblerait qu’une majorité du peuple américain veuille mettre aux manettes de l’exécutif et du législatif les démocrates et ainsi tourner les pages de huit années de bushisme. Dans le cas contraire, l’Amérique serait confrontée pour la première fois à l’échelle nationale à un phénomène de racisme sans précédent, car comment expliquer autrement un écart (en cas de victoire de McCain) aussi grand entre l’intention de vote et la réalité de celui-ci.

Gentleman et synonyme d’espoir

Ce mardi, les américains peuvent faire le choix du premier président noir des États-Unis, disposant d’un inconstatable charisme et doué d’une grande intelligence. A priori, Barack Obama a déjoué tous les pièges durant cette campagne électorale.

Souvent, il a adopté une attitude posée dans chacun des sujets qu’il a abordé. Il n’a jamais fait l’usage des coups bas, contrairement à son adversaire et plus particulièrement à sa colistière. Le 18 mars, il a prononcé un discours que d’aucuns considèrent comme le meilleur qu’il ait exposé durant sa carrière, en mettant clairement en évidence une Amérique blanche et noire, multiraciale, pourfendant et bannissant le racisme.

Durant sa campagne, Barack Obama a prôné la vision d’une Amérique capable de surmonter la crise économique, prompte à réduire les inégalités, se définissant ainsi pour le retour d’un État fédéral fort guidé par le principe de la réforme sociale. Il donne l’espoir en une nouvelle Amérique, celle ouverte à un profond changement.

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(Photo : David Burnett/Contact Press Images)

Révolution financière européenne ?

octobre 16, 2008

Serait-ce une révolution dans le monde bancaire et financier ou juste un écran de fumée. Certains diront seul le temps nous le dira. Personnellement, je pencherais pour la première proposition. Hier soir, Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso tenaient une conférence de presse importante au siège de la Commission. Pour la première journée du sommet de l’UE se déroulant à Bruxelles, les 27 ont approuvé le plan d’aide au secteur financier annoncé dimanche.

Les conséquences les plus importantes de ce bouleversement sont :

1°) En proposant de réformer les règles comptables internationales actuelles (IFRS et IAS ) applicables aux banques européennes, l’UE rendraient ces dernières moins vulnérables en cas de crise, contrairement à ce qui est le cas actuellement.

2°) En renforçant la supervision et la réglementation du secteur financier européen. De quelle manière, ça on ne le sait pas encore. Mais cette crise semble avoir démontré la nécessité absolue d’y voir plus clair dans l’état des comptes de nos banques et d’agir si nécessaire afin d’éviter qu’elles prennent des risques inconsidérés, susceptibles de conduire à une (potentielle) crise. On peut penser et/ou espérer que la titrisation à outrance vit probablement ses derniers jours.

3°) En mettant fin à la pratique des parachutes dorées. Mais là encore des interrogations subsistent sur l’application de cette règle. Dont les principales peuvent être formulées comme suit : est-ce que cela vaudra uniquement jusqu’au retrait de l’État dans le capital des banques ? Le simple fait d’assurer la garantie de dépôts bancaires implique-t-il en contrepartie la fin des parachutes dorée pour les dirigeants de ces « institutions » ?

La plus grande ironie dans tout cela est qu’une grande majorité de chefs d’État et de gouvernement (de fait) orientée à droite applique un programme social-démocrate. C’est en quelque sorte l’Europe à l’envers et c’est a priori tant mieux.

Normes IFRS et IAS : Au coeur des critiques, les normes comptables dites IAS ou IFRS (International Financial Reporting Standards) (…) A chaque clôture de comptes trimestriels, les entreprises cotées doivent désormais reconnaître les pertes « potentielles » des titres qu’elles détiennent. A commencer par les banques, en vertu de la norme IAS 39 sur la comptabilisation des actifs et passifs financiers. (…) Lorsque les marchés dévissent, le mécanisme montre ses limites : il contraint les banques à traduire immédiatement dans leurs comptes la baisse des actifs qu’elles possèdent au lieu de leur laisser la possibilité d’étaler le choc dans le temps. Au risque d’exposer leurs bilans et leurs résultats à une très forte volatilité et, au final, d’aggraver la crise. (Extraits de l’article d’Alexandre Counis, « Bruxelles lance cette semaine la réforme des normes comptables », Les Echos daté du 13/10/08, p. 4)

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(Photo : Reuters)

Paul Krugman

octobre 14, 2008

De tous les prix Nobel, c’est celui d’économie qui m’a le plus interpellé. Souvent attribué à un ou à plusieurs chercheurs américains, celui de 2008 revient au professeur d’économie à l’université de Princeton, ouvertement à gauche et par ailleurs éditorialiste au New York Times : Paul Krugman. Il m’est parfois arrivé de lire une de ses chroniques dans le journal cité. Il est souvent incisif et pertinent dans son propos. A la fin du mois d’août, je lisais les bonnes feuilles de son dernier opus « L’Amérique que nous voulons », parues dans Le Monde daté du 26 août 2008. Trois propos avaient retenu mon attention :

L’argent est la colle forte du conservatisme de mouvement, essentiellement financé par une poignée de super-riches et un certain nombre de grandes entreprises qui ont quelque chose à gagner à la montée de l’inégalité, à la suppression de la fiscalité progressive, à l’abrogation de l’Etat-providence – bref, à un New Deal à l’envers. Revenir à la période antérieure aux politiques économiques qui limitent l’inégalité est, au fond, la raison d’être du conservatisme de mouvement.

(…)

Un message crucial de ce livre risque de mettre mal à l’aise de nombreux lecteurs : la grande raison de ce qui est arrivé au pays où j’ai grandi, c’est le racisme. C’est à cause de l’héritage de l’esclavage, le péché originel de l’Amérique, que nous sommes la seule économie avancée qui ne garantit pas les soins médicaux à ses citoyens. C’est à cause de l’hostilité des Blancs au mouvement des droits civiques que les Etats-Unis sont le seul pays avancé où un grand parti politique veut abroger l’Etat-providence.

(…)

Le conservatisme de mouvement a encore l’argent de son côté, mais cela n’a jamais suffi. Si tout reste possible dans l’élection présidentielle de 2008, on peut raisonnablement imaginer qu’en 2009 les Etats-Unis auront un président démocrate et une majorité démocrate solide au Congrès. De plus, si cette nouvelle majorité existe, elle sera beaucoup plus cohérente idéologiquement que la majorité démocrate des deux premières années de Bill Clinton, qui était une alliance difficile entre des libéraux du Nord et des conservateurs du Sud.

D’où la question : cette nouvelle majorité, que doit-elle faire? Ma réponse : elle doit, pour le bien du pays, suivre une politique résolument progressiste. Expansion de la sécurité sociale et réduction de l’inégalité. Un nouveau New Deal. Le coup d’envoi de ce programme, l’équivalent de la Caisse des retraites publiques au XXIe siècle, doit être l’assurance-maladie universelle – que tous les autres pays avancés ont déjà.

Dans son dernier propos, j’abondais pleinement dans son sens, au travers de mon message du 8 septembre où je mettais en évidence un possible « Obama, l’homme du New Deal ? » Vivement que son dernier ouvrage soit dans ma bibliothèque.

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(Photo : AP)

Strauss-Khan et la crise

octobre 10, 2008

Ça continue à craquer de partout aux USA et en Asie : Tokyo (- 10,64 %), Hong Kong (- 7,7 %), New York (- 7,33 %), Bangkok (- 7,27%). Alors que ça dégringolait moyennement hier en Europe : Bruxelles (- 3,75%), Francfort (- 2,53 %), Paris (- 1,55 %), Londres (- 1,21 %).

L’irrationalité continue à faire sa loi sur le marché. Cela à un tel point qu’elle pousse les économies des pays occidentaux tout droit vers la récession. On annonce une fin d’année et une année 2009 difficiles, avec une double conséquence à la clé : un ralentissement de l’activité économique et des incertitudes croissantes sur le marché de l’emploi, mais on éviterait la dépression (ayant des conséquences plus grave avec une forte augmentation du chômage).

Où va l’économie occidentale ? Vers sa perte diront certains. Vers plus de régulation du système bancaire et financier et tendant vers une nationalisation du système bancaire à terme, c’est souhaitable. Un sommet extraordinaire du G8 (probablement élargi) est nécessaire ! Il pourrait se tenir la semaine prochaine. Son rôle devrait être inédit. Il résiderait dans le fait de rassurer définitivement les marchés en consacrant probablement ce principe de régulation et de nationalisation.

Selon le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, l’économie pourrait connaitre une amélioration à la moitié de l’année 2009. Mais cette amélioration a un prix. Ce jeudi, il affirmait que :

La coopération et la coordination sont le prix du succès. Toutes les formes de coopération doivent être recommandées. Tout action solitaire doit être évitée, voire condamnée. (…) J’appelle les pays européens à travailler ensemble. Il n’y pas de solution nationale dans une crise comme celle-ci.

Fortis ou la déchéance de Lippens

octobre 6, 2008

Ce sont les deux informations qui ont bousculé le monde financier belge ce week-end.

La première est la cession des activés bancaires et assurances hollandaises de Fortis ainsi que la banque ABN AMRO à l’État hollandais. La seconde a été apprise dans la soirée de dimanche. Fortis passe sous contrôle français, la banque belge étant rachetée par la BNP Paribas.

La BNP prend 75% des parts de Fortis Belgique et 66% de celles de Fortis Luxembourg. C’est un échec et mat cuisant pour Maurice Lippens (en photo), qui a été le principal architecte du groupe Fortis ainsi que de sa stratégie (achat de ABN AMRO, investissements dans des titres en rapport avec les subprimes). Il est passé de la success-story belge à la perte d’identité de la plus importante banque du pays. Lui qui voulait en faire un grand du monde financier sur la scène européenne, Fortis passe du statut d’une des 20 plus importantes banques européennes à celle d’une filiale de la BNP.

Pour le symbole c’est évidemment dommage, mais au-delà de cela, vous me diriez (et j’abonde en votre sens), tant que cela maintient des emplois,… Maintenant, était-il vraiment nécessaire que l’Etat se désengage aussi vite ? La question reste posée.

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Source AFP : L’opération sera financée en actions du groupe BNP Paribas, dans le capital duquel la Belgique montera à hauteur de 10%, pour une valeur boursière estimée à 6,5 milliards d’euros. Le gouvernement luxembourgeois sera quant à lui présent à concurrence de 1,4% dans BNP Paribas.

Le cas Dexia

octobre 1, 2008

La situation semblait critique. On en a vu des acteurs politiques et économiques entrer dans nos salons ce mardi soir, ne fusse qu’en regardant le journal télévisé belge de la RTBF et celui de France 2. Dans le premier, on a vu défilé le Premier ministre Yves Leterme et le président démissionnaire de Dexia Axel Miller. Dans le second, on avait le président de la BCE Jean-Claude Trichet.

Après le mauvais cocktail Fortis qui a impliqué l’heureuse entrée du Benelux dans son capital à hauteur de 11,2 millliards €, c’est au tour de Dexia de se voir secourir par la Belgique, la France et le Luxembourg, en augmentant leur part dans son capital via l’injection de 6,4 milliards €.

Le cocktail Dexia est assez proche de celui de Fortis (explicité dans mon précédent message). (1°) Une acquisition de FSA (une institution américaine spécialisée dans le rehaussement de crédit) qui s’est avérée empêtrée dans les subprimes (encore eux) auquel s’ajoute (2°) des spéculateurs à l’affût d’un nouveau coup financier. L’addition de ces deux ingrédients entraîne la panique dans les marchés et des problèmes de liquidité pour l’entreprise. La diminution d’argent disponible dans les caisses en espèce et en terme d’actions (par la chute vertigineuse de son cours) la rendait plus vulnérable à un certain terme. Histoire d’anticiper l’effet néfaste des rumeurs sur la solidité financière de la banque, les États se devaient de réagir.

3 leçons sont à retenir :

– Les subprimes font plus de mal que prévu en frappant deux banques de dépôt de niveau international qui se sont brûlées les doigts à force de trop se diversifier.

– On doit repenser le rôle de l’État dans les entreprises. C’est bien beau de privatiser, mais je persiste à croire que cela ne constitue pas un mal que l’État (même minoritaire) soit actionnaire dans certaines grandes entreprises, cela peut notamment permettre d’éviter certaines erreurs stratégiques aux conséquences parfois désastreuses.

– Le président du FMI Dominique Strauss-Khan a raison en disant dans une interview qu’il accordait au JDD ce dimanche :

Les gouvernements de la planète, tous les gouvernements, pas seulement ceux des pays riches, ont intérêt a se servir du FMI pour cela (NDBdYv : conduire une régulation renforcée de la finance mondiale). Nous avons été créés en 1944 comme une sorte de service public mondial. Nous sommes les gardiens d’un bien public global: la stabilité financière, au service de l’économie. En 1944, ce qui menaçait, c’était l’anarchie monétaire. Aujourd’hui, il faut faire face, en plus, à l’anarchie financière: l’opacité, la cupidité, l’irresponsabilité d’un système qui s’est developpé sans rapport avec l’économie réelle… La finance doit être contrôlée. Nous sommes prêts à le faire si on nous en donne le mandat. Nous sommes dans notre rôle, et je le revendique.

Nationalisation

septembre 30, 2008

N

Aujourd’hui on peut entrer un nouveau mot dans le Dico Pol 2008 du blog.

Nationalisation : n.m., en politique économique, ce mot désigne le fait que l’État par (r)achat de parts devienne propriétaire exclusif ou partiel d’une entreprise privée, ce qui en change de fait la nature,  cette dernière ayant subi le transfert de son capital du privé au public ou (c’est le cas de pour Fortis) l’entrée de l’État dans son capital.

N.B. : Pour éviter tout débat sémantique, j’ai privilégié une définition au sens large.

Commentaire : Quand rien ne va plus, le privé est obligé de se tourner vers l’Etat. N’en déplaise au néolibéraux, c’est la revolución !!! C’est la folle et plus qu’intéressante leçon de cette crise dont personne ne voit la fin. On l’a vu aux Etats-Unis (avec un plan de sauvetage qui a été rejeté par les républicains, ce au moment où j’écris ces lignes), on le voit dans nos contrées. Le contexte économique morose lié aux effets des subprimes et les investissements qu’elle y a consacrés (Fortis a perdu 2 milliards € dans ces opérations), la forte indigestion d’une acquisition (ABN AMRO) plombant un peu plus ses comptes, des spéculateurs jouant avec le feu cela entraînant une irrationnalité dans le marché,…  Ce sont les principaux ingrédients constituant le cocktail ayant fait plonger le cours de la banque belge Fortis à son plus bas historique et qui oblique la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg à intervenir afin d’éviter le pire. Nul ne sait de quel avenir sera fait demain. Mais il va s’en dire que si les prédictions de Soros devaient s’avérer justes, sans vouloir tomber dans un catastrophisme, on assisterait peut-être à un basculement dans l’histoire économique mondiale jamais atteint auparavant.

90 enfants enlevés en RDC

septembre 26, 2008

C’est l’information qui m’a le plus touché durant cette semaine. Malheureusement, on n’en fait pas grand cas dans les médias, dont on pourrait se poser la question sur son rôle de pression lorsque pareil fait survient. Mais cela mériterait un autre débat.

Le mercredi 17 septembre 2008, 90 enfants ont été enlevés dans l’Est de la République Démocratique de Congo par les rebelles ougandais de la LRA* (Lord’s Resistance Army). Un chef de village et deux missionnaires italiens ont également été les sujets de cette triste pratique. Depuis ce jour, l’Unicef et l’ONU tentent d’obtenir (sans contre-partie) la libération de ces enfants. La Belgique a condamné ces agissements. S’ils n’étaient pas libérés, les garçons risqueraient d’être enrôles contre leur gré dans les rangs de ce mouvement armé et les filles d’être soumises à d’atroces violences. Hier soir, j’étais en contact avec une personne concernée professionnellement par cet événement. Celle-ci m’informait que pour l’instant les négociations se poursuivent. Elle me disait également que ces négociations pouvaient prendre peu comme beaucoup de temps et qu’elles n’impliquaient jamais de rançons.

Dans un communiqué publié à la fin du mois de juin à Genève, l’UNICEF révélait que le nombre d’enfants enlevés s’accroissait durant le premier semestre 2008. Concomitamment, l’ONU adoptait la résolution 1820 qui protège les civils, notamment les femmes et les filles, contre toutes formes de violence sexuelle en temps de guerre. L’inhumanité se rappelle parfois à nous. Je prie pour et j’espère pouvoir revenir un jour sur cette information pour vous annoncer de meilleures nouvelles.

* Source RTBF : La CPI, basée à La Haye, a lancé en 2005 des mandats d’arrêts internationaux contre le chef de la LRA, Joseh Kony, et trois de ses commandants, recherchés pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ils sont accusés de viols, mutilation de civils, enrôlement d’enfants et du massacre de milliers de personnes pendant la rébellion contre le gouvernement ougandais lancée en 1988.

On commence à y voir clair

septembre 23, 2008

Mais que se passe-t-il dans le plat pays qui est le mien ?

On respire un peu ou beaucoup, enfin, à mon avis cela dépend de quelle frontière linguistique on se situe. Le parti du premier ministre belge Yves Leterme, le CD&V (démocratie chrétienne flamande), divorce du N-VA (le parti nationaliste flamand).

Ce dernier (jusqu’à hier membre du gouvernement fédéral) était à l’origine des dernières crises qui ont traversé la Belgique après les élections législatives de 2007. Avec le N-VA de Bart De Wever en moins dans le gouvernement fédéral (et en moins dans celui de la Région flamande), peut-on pour autant envisager des négociations « normales » de communauté à communauté en vue d’obtenir une nouvelle réforme de l’Etat (tendant probablement vers le confédéralisme) ? Rien n’est moins sûr.

Mais ici, on espère que la dernière crise est passée avant les élections régionales et les européennes de 2009 et en bonus des législatives anticipées si et seulement si on était dans l’impace en matière de réforme de l’Etat et de ses institutions. Au demeurant, de la situation politique, on commence à voir (un peu plus) clair.

P.-S. : Je vous laisse avec l’excellente interview de Vincent de Coorebyter.

Léger avantage pour Obama

septembre 8, 2008

Enfin nous y sommes. Barack Obama et John McCain ont été « adoubés » tour à tour lors de la convention organisée par leur parti respectif. Chaque convention a été un moment important pour chaque candidat dans la conquête de l’électorat américain.

McCain drague sa droite

John McCain s’était positionné tout au long de sa campagne dans le rôle d’un franc-tireur centriste. Durant la convention du Parti républicain, il a opéré un léger virage  en donnant des gages à la droite républicaine via le choix de sa colistière Sarah Palin (gouverneur de l’État de l’Asaska). Il était frappant de voir que cette dernière n’avait pas besoin durant la convention républicaine de s’étendre sur ses convictions. Son CV relayé par les médias parlait pour elle : pour la poursuite de la réduction des impôts (qui a surtout profité aux plus riches sous l’ère Bush), hostile à l’avortement, pour l’enseignement du créationnisme à l’école. A priori, Mc Cain veut jouer sur les deux tableaux : clairement à droite en ne concédant rien sur la thématique des « valeurs » qui avait tellement bien réussi à Bush en 2004, et ostensiblement au centre en jouant le rôle de rassembleur, dépassant les dogmes partisans sur certains sujets de société. Cela malgré quelques opinions tranchées qu’il affiche, telle celle en matière d’immigration (John McCain est opposé à toute régularisation massive).

Obama, l’homme du New Deal ?

La convention du Parti démocrate était teintée d’émotions au travers du vibrant discours de Ted Kennedy. Elle était aussi l’occasion de faire la démonstration de l’unité du parti. Les époux Clinton n’ont fait montre d’aucune ambiguïté dans leur soutien à l’égard de Barack Obama. Le choix de Joe Biden à la vice-présidence est judicieux à plus d’un titre. Fort de son expérience à la présidence du Comité des affaires étrangères au Sénat, il tort le coup à tous ceux qui utilisaient l’argument d’inexpérience d’un éventuel leadership démocrate à la tête du pouvoir exécutif. Biden permet également à Obama de mieux capter les voix des cols bleus et des personnes âgées plus enclines à voter Clinton et qui suite à sa défaite étaient plus séduits par le discours de McCain.

Obama imprime le tempo dans cette campagne. Il se déclarait l’homme du changement, McCain l’a suivi dans cette rhétorique en se déclarant comme tel dernièrement. Contrairement à 2004, la thématique des valeurs ainsi que celle de la guerre en Irak prennent moins d’importance. Les aspects intérieurs, plus précisément ceux sociaux et économiques prévalent. Barack Obama se prononce pour une relance de l’économie par des investissements publics dans les sources d’énergies renouvelables et par la réduction des impôts pour 95% des membres des foyers exerçant un emploi. Il propose également d’augmenter les impôts de ceux qui gagnent plus de 250.000 $ annuellement. D’un point de vue social, il se prononce pour un meilleur système de santé, qui serait meilleur marché et accessible à tous, tendant ainsi vers un système de couverture maladie universelle. De facto, Barack Obama prône la vision d’une Amérique capable de surmonter la crise économique, prompte à réduire les inégalités. Autrement dit, sans qu’il l’ait dénommé ainsi, le candidat démocrate pourrait instaurer une sorte de « New Deal » du 21ème siècle. C’est pour tous cela que je pense qu’Obama dispose d’un léger avantage sur son adversaire et que malgré toutes les variations de sondages que l’on connaîtra d’ici au 4 novembre, il l’emportera sur McCain.

Léger avantage pour Obama dans les sonsages

Il reste à Barack Obama deux mois pour convaincre et tous les indicateurs semble tourner (pour l’instant) en sa faveur. Les derniers sondages donnent Obama légèrement en tête par rapport à McCain (47% contre 45% selon le dernier barômètre Gallup daté du 6 septembre). Il l’emporterait notamment chez les hispaniques et chez les femmes. Par contre, il est clairement devancé par McCain auprès des cols bleus et des hommes blancs. Pour ce qui est des personnes âgées, les deux candidats sont au coude à coude dans la dispute de cet électorat. Pour autant son avance reste faible, donc rien n’est acquis pour le candidat démocrate.

OBAMA FOR CANDIDATE

juin 5, 2008

« On devrait attendre au plus tôt et officieusement le 3 juin (jour des dernières primaires du Montana et du Dakota du Sud) afin de connaître le leader démocrate » écrivais-je prudemment le 17 avril dernier. Cette fois c’est officiellement que je peux l’écrire : c’est un métisse de 46 ans, incarnant à la fois le rêve américain et le changement, qui sera le leader du Parti démocrate américain. Historique !

Barack Obama attire, il fascine, il fait couler beaucoup d’encre, généralement positivement ou objectivement, bref il ne laisse pas indifférent. Nul besoin de revenir sur les raisons de son succès, pour bien faire je vous renvois à mes précédents messages sur la campagne démocrate. La prochaine étape sur son agenda est la prise de la Maison blanche ! Il est prévu une dizaine de débats télévisés entre Barack Obama et John McCain afin de permettre aux électeurs américains de voir plus clair dans le « jeu politique ». Ces débats auront une importance stratégique non négligeable pour Obama qui devra combler son déficit auprès de deux catégories de l’électorat américain : 1°) le populaire blanc et 2°) celui des personnes âgées. C’est auprès de celles-ci que se jouera une des principales clés des élections présidentielles.

La démocratie américaine est ainsi faite, capable de dégager parmi les politiciens expérimentés un quadragénaire compensant son relatif manque d’expérience par une grande intelligence doublée d’un charisme hors pair. Par ces primaires, les démocrates américains ont démontré leur capacité à se projeter vers une présidence américaine assurée par un homme à la peau noire. L’Amérique toute entière y parviendra-t-elle ? La réponse est fortement attendue le 4 novembre 2008.

Critique du sarkozysme

Mai 18, 2008

ENFIN !!! Nous y sommes. Depuis le nombre de jours que je ne compte plus que je l’annonce cette critique du sarkozysme. Franchement, je pensais rédiger un long texte pour faire la démonstration par A plus B de ce propos, mais le temps me manquant et certaines évidences faisant foi, je vais me limiter à l’essentiel, d’autant que la littérature politique abonde à son sujet.

Sarko par-ci, Sarko par-là, cet homme est devenu un véritable sujet de discussion, voire pour certains un sujet de fascination, tel l’eut été François Mitterrand en son temps, avec la puissance des médias en moins en comparaison à aujourd’hui. Il est intéressant de noter que Jacques Chirac n’ait pas suscité pareil attraction.

Revenons-en au fond. On peut analyser le sarkozysme sous différents angles. Je me contenterai ici à passer en revue 4 d’entre eux me semblant les plus significatifs.

(1°) Les droits de l’homme

De ce point de vue, on a eu un avant la phase présidentielle et un après (ou plus exactement un pendant cette même phase). Nicolas Sarkozy se faisait lorsqu’il était candidat le chantre des droits de l’homme et son défenseur numéro un en cas de victoire aux élections présidentielles. Un an après, le constat est maigre. On a plus vu l’application d’une diplomatie trop réaliste et beaucoup trop molle à l’égard d’un Khadafi ou d’un Poutine, pour ne citer qu’eux.

(2°) L’économie

Là aussi on a un avant et un après. Qui a oublié le tube du printemps 2007 : « Travailler plus pour gagner plus » sur lequel plusieurs catégories sociales se sont projetées. Qu’en est-il aujourd’hui ? Sarkozy ne le chante plus. Il a fait une erreur monumentale en faisant un cadeau fiscal de 15 milliards aux mieux lotis, cette réforme ne profitant donc point à tous, se privant ainsi d’une ressource budgétaire non négligeable. Son opération de liquidation des 35 heures et la possibilité de faire plus d’heures sup’ a des effets limités dans l’objectif qu’il s’était fixé. A sa corps défendant la conjoncture économique ne l’aide pas à accomplir ses promesses. La boîte a idée en matière économique semble actuellement vide, le président français est plus que jamais dans l’impasse.

(3°) Bling-bling

Son style trop clinquant et son goût pour afficher sa vie privée ont choqué plus d’un. Il a dû mettre plus de 9 mois pour corriger cela sans gagner en sympathie dans l’opinion publique. Il est le président français le plus impopulaire. Même Chirac ne le bat pas sur ce terrain. Une prouesse !

(4°) L’immigration dure

L’une des politiques européennes les plus affligeantes en la matière. En faisant fi de la situation humaine des immigrés, en privilégiant une politique du chiffre; en continuant à flatter son électorat, comprenant entre autres des anciens électeurs de Le Pen, sur un thème fédérateur dans son camps, il ne fait que mettre en exergue ce que Zapatero appelait lors de la dernière élection législative espagnole « la droite au coeur dur ».

En bref, on n’a un bilan guère brillant pour une première année. Il lui reste un peu moins de quatre années pour satisfaire les attentes qu’il a suscités chez les personnes qui l’ont élus. Et vous en pensez quoi du sarkozysme ?

L’Italie est à nouveau bleue

avril 15, 2008

Il Cavaliere l’a fait. A presque 72 ans, Silvio Berlusconi est de retour au premier plan sur la scène politique nationale italienne. Son parti le Peuple de la liberté (PDL) obtient la majorité absolue dans les deux assemblées parlementaires que constituent la Chambre et le Sénat. Le PDL défait ainsi son adversaire le Parti démocrate (PD) de Walter Veltroni. Le rapport de force au moment où j’écris ces lignes est de 47,7 % (pour la droite : le PDL + la Ligue du Nord + le Mouvement pour l’autonomie) contre 37,7 % (pour la gauche : le PD + l’Italie des valeurs). Pour ces élections législatives, il a été enregisté un taux de participation fort honorable de 80%. Cette phase électorale marque également le tassement des petits partis. Cela favorisant le temps de 5 ans une bipolarisation plus marquée que d’habitude, dans ce pays où le système électoral comporte une forte dose de proportionnel; préfigurant peut-être une réforme dudit système en le tendant vers le bipartisme.

Les erreurs de Veltroni

Walter Veltroni n’a probablement pas eu tort de décider d’affronter le suffrage universel sans le soutient traditionnel des 12 partis de la gauche et en marginalisant de la sorte un peu plus la gauche radicale. Pour autant, ce qui me semble une erreur et ce qui a certainement brouillé l’image de son parti et de son projet est l’élément suivant. En définissant son Parti démocrate comme un parti qui n’est pas à gauche mais réformiste ou de centre gauche, en voulant renier le socialisme (comme lui-même renie sa jeunesse communiste), n’a-t-il pas finalement démobilisé une partie de son électorat s’étant abstenu ou ayant préféré voter pour un parti « de gauche ». N’aurait-il pas dû également taper plus fort sur son adversaire, en ne disant que la vérité sur le problème éternel de Berlusconi : la confusion entre les intérêts privées et les intérêts publics. De la sorte, Walter Veltroni à donner plus de respectabilité à Berlusconi comme ne l’a jamais fait la gauche italienne.

La faillite du modèle italien

La tâche qui incombe à Silvio Berluconi est de la plus haute importance. L’Italie va mal. Elle est à la traîne en terme de comparaison avec ses partenaires européens. Depuis l’an 2000 jusqu’aux prévisions pour 2008, son taux de croissance est en dessous de 1 %; les plus optimistes prévoyant pour cette année 0,7 %, les plus pessimistes tablant sur un très maigre 0,1 %. La productivité des entreprises italiennes « patine ». Son économie reste trop basée sur une industrie de haute qualité (le textile, les chaussures, l’automobile,…). Par les temps qui courent, elle est fortement concurrencée par les produits meilleurs marchés en provenance de l’Asie. Cette tendance de fond va de pair avec le fait que l’Italie n’investit pas suffisamment dans les hautes technologies. Sans avoir à délaisser cette industrie de qualité, mais en la soutenant mieux (notamment au travers de l’apport d’une main d’oeuvre nécessaire que l’immigration pourrait satisfaire; mais a priori Berlusconi n’est pas prêt lever cette option politique), l’Italie se doit d’investir dans son système éducatif et de recherche (peu performant) et de mettre plus de moyens dans les secteurs d’innovations technologiques, car c’est là que se joueront les points de croissance du 21ème siècle.

Il Cavaliere devra également réduire les écarts de richesses (importants) entre le Nord et le Sud. En moyenne, un citoyen du Sud a un revenu équivalent à 57 % de celui de son voisin du Nord. Le taux de chômages est entre deux à quatres fois plus important au Sud qu’au Nord. Quant à la criminalité, elle est toujours bien présente. Le revenu annuel des mafias italiennes est estimé à plus de 100 milliards d’euros. L’Italie devra également lutter contre l’évasion fiscale, importante perte de revenu pour l’Etat. Mais doit-on déjà douter de la volonté du nouveau gouvernement de la combattre, lorsque Silvio Berlusconi encensait les fraudeurs en disant durant la campagne électorale: « Quant les impôts sont élevés, il est moral d’avoir recourt à l’évasion fiscale. »

L’Italie doit être redynamisée au plus vite. L’histoire sera seule juge de la nouvelle séquence berlusconienne, celle-ci basée sur la liberté d’entreprendre, la baisse des impôts et ayant déjà échoué à deux reprises dans le passé (durant la législature de 1994-1995 et celle de 2001-2006).

Barroso, l’Europe et la Turquie

avril 10, 2008

Mercredi soir, j’étais à une conférence organisée au Berlaymont par le quotidien Le Soir et ayant pour invité le Président de la Commission européenne Monsieur José Manuel Barroso. Mes pairs (simples citoyens) et moi étions conviés à la suite d’un concours où chacun soumettait une question à poser au Président. Disposant d’un laps de temps de deux heures, quelques uns ont pu lui adresser la parole (parfois au travers de questions des plus pertinentes) et le journaliste au Soir chargé des affaires européennes Maroun Labaki a modéré le débat tout en interpellant notre interlocuteur privilégié sur des sujets regroupant plusieurs mêmes interrogations formulées par les personnes conviées.

Diplomatiquement correct

Rompu à l’art diplomatique, Barroso a souvent répondu de façon assez convenue aux questions qui lui étaient adressées. De façon non exhaustive, il a notamment défendu : son attachement aux valeurs européennes et au besoin que l’Europe se construise sur ces dernières plutôt que sur une religion; l’importance du traité de Lisbonne et le besoin d’une Europe qui pèse plus politiquement et diplomatiquement*; un propos assez mesuré sur la Chine et les droits de l’homme; une vision de l’Europe à mi-chemin entre l’Europe des Régions et l’Europe des Etats Nations; ou encore l’importance de l’immigration dans les années à venir en terme démographique et de main d’oeuvre; ainsi que la nécessité de continuer l’élargissement de l’Union.

« On ne doit pas fermer les portes de l’Europe à la Turquie ! »

Mais le plus marquant des faits était ailleurs. Le moment le plus passionnant; et le plus surprenant en terme d’information est celui où Barroso aborde le sujet de la Turquie. Pour le Président de la Commission, la Turquie fera partie de l’Union européenne à terme ! Comprenez et il le dit explicitement : dans 20 ans. Mais entretemps, la Turquie devra respecter un certain nombre de principes de libertés et de facto tendre vers une démocratie à l’image des 27 de l’Union. José Manuel Barroso a prononcé les mots suivants : « On ne doit pas fermer les portes de l’Europe à la Turquie ! »

Un propos qui est tout sauf sibyllin. On ne peut plus limpide ! Une formulation à rebours de ce qu’on appelle l’opinion publique européenne et étant l’antithèse des positions du couple franco-allemand (le moteur de l’Europe). Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se sont toujours opposés à voir à terme la Turquie entrer dans l’Union. Sarkozy privilégiant platement une politique de coopération renforcée. Le substrat d’une telle logique résidant certainement dans la perception de la Turquie comme un Etat d’abord musulman avant son caractère laïc fondamentalement affirmé dans sa constitution et globalement respecté. Cette séquence de la conférence est pleine d’à propos. En effet, ce jeudi, José Manuel Barroso sera en Turquie pour pousser ses dirigeants à favoriser des avancées significatives dans la démocratisation de l’Etat.

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*P.-S. : En terme de visibilité de l’Europe au niveau international, le traité de Lisbonne prévoit un présidence fixe de l’Union via le poste de Président du Conseil européen. Devinez quel nom revient avec insistance ces derniers jours à Bruxelles : Barroso !!! Les compléments d’informations sont sur le blog de Quatremer. En plus, il cumulerait des fonctions sacrément importantes en postulant à sa succession à la présidence de la Commission. C’est notre ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt qui doit être content !

Obama en difficulté

mars 21, 2008

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Que se passe-t-il aux Etats-Unis depuis le dernier message posté sur ce blog. Que de suspens ! Hillary Clinton a réussi à renverser la tendance. Elle a été victorieuse dans trois des quatre Etats conviés aux primaires démocrates du 4 mars, parmi lesquels les plus importants : l’Ohio et le Texas. Mieux, elle a réussi à passer outre les facteurs qui pouvaient précipiter sa chute. Par rapport au facteur générationnel, elle a réussi à fortement mobiliser et à emporter le vote des plus de 60 ans. Barak Obama a conservé son soutien chez les 18 – 29 ans et chez les 30 – 49 ans, mais cela n’a pas suffit. Pour ce qui est du facteur économique, Hillary Clinton a su se montrer plus convaincante et elle a réussi à capter de façon très favorable le vote ouvrier. A priori, le facteur du renouveau n’a pas cette fois-ci plus joué en la faveur d’Obama que de Clinton.

A la suite de ces élections, Obama a continué à remporter des Etats (le Wyoming et le Mississippi). Malgré sa légère avance sur sa rivale et au train où se déroule la campagne, beaucoup d’observateurs émettent l’avis d’un probable règlement de la candidature lors du vote des supers-délégués, ces 795 grands électeurs qui sont censés (à moins d’une énorme surprise) transposer quasi mécaniquement le choix majoritaire des votants des Etats qu’ils représentent, durant la Convention Nationale Démocrate qui se tiendra du 25 au 28 août à Denver. A fortiori, ce au plus tard sans attendre la Convention, nous connaîtrions officieusement le nom du candidat Démocrate à l’aune de la dernière primaire qui se tiendra le 7 juin à Porto Rico.

Ainsi l’incertitude reste de mise. D’autant que la courbe des intentions de vote entre Obama et Clinton continue à faire des chassés-croisés, la dernière étant actuellement favorable à l’ancienne First Lady. Mais je ne cesserais jamais assez de le répéter, l’inhérente volatilité des sondages étant ce qu’elle est,… prudence !

Cette campagne est longue et elle est marquée par une hyper médiatisation propre à la société américaine. Les tensions et la rudesse des propos échangés entre les deux candidats sont réels. Pour ne rien arranger, dans le registre de la dramatisation, Obama qui semblait être en odeur de sainteté médiatique se voit questionné par la presse sur des sujets d’ordre religieux et/ou communautaires. Cette investigation serait-elle fomenté par le clan Clinton ? Nul ne le sait. Toujours est-il que le dernier exemple en date aurait pu être particulièrement gênant pour Monsieur Obama. La presse lui demandait de clarifier sa position à l’égard de son ancien pasteur, le révérend Jeremiah Wright (de la Trinity United Church of Christ à Chicago), ce dernier ayant prononcé un discours raciste à l’égard de la communauté blanche en appuyant son propos par un retentissant « Dieu maudisse l’Amérique ».

A tout cela, Obama a apporté une réponse a priori importante. Le 18 mars, il a prononcé un discours que d’aucuns considèrent comme le meilleur qu’il ait exposé durant sa carrière. Il a fermement condamné les mots employés par son ancien pasteur et il a mis clairement et intelligiblement en évidence une Amérique blanche et noire, multiraciale, pourfendant et bannissant ainsi le racisme. Dans une interview accordée à Anderson Cooper (CNN), il a maintenu son propos, pis il a enfoncé le clou en répondant à son intervieweur « Je pense absolument qu’une partie de son propos était antipatriotique ou contraire à l’intérêt américain (unamerican). » Sur cette affaire, sa rhéthorique est sans équivoque tout en restant subtile. Car en disant cela, il ne coupe pas définitivement les ponts avec l’homme à qui il doit beaucoup en terme d’apport spirituel.

Cette nouvelle séquence met une lumière crue sur des problèmes de fonds, ceux de la discrimination, que (espérons-le) un des deux candidats démocrates s’emploiera à réduire, dans le cas bien entendu où l’une ou l’autre soit élu président. L’un des meilleurs éditorialistes du New York Times, Nicholas D. Kristof ne s’y trompe pas en affirmant dans sa dernière chronique (datée du 20 mars) que : « Tout ceci démontre qu’un dialogue national sur la race est douloureux, maladroit et essentiel. Et ce dialogue ne doit pas se focaliser sur des morceaux de vieux sermons de Monsieur Wright mais sur des défis bien plus pressants – par exemple, celui-ci : environ la moitié des hommes noirs ne reçoivent pas un diplôme du secondaire. »

En guise de conclusion personnelle, je reste persuadé qu’avec Barak Obama élu à la présidence, les Etats-Unis entreraient (en terme de politique intérieur) dans une nouvelle ère, celle d’une Amérique plus généreuse, transcendant les aspects communautaires et tendant vers une réduction des discriminations et des inégalités sociales. Pourvu que cet épisode lui permette de rebondir très prochainement.

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P.-S. : Pour multiplier les angles, je vous recommande chaleureusement le dernier post de Laurent Bouvet : cliquez ici.